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Objectif sport
27 septembre 2008

To be or not to be (assisted by video)

Il y a eu cette semaine une prise de becs entre Arsène Wenger et Michel Platini sur la question de savoir si on devait avoir recours à l'arbitrage vidéo pour corriger les erreurs éventuelles des arbitres, dans le but, dit-on, de gagner en justice.

Le débat est ancien. Seule la violence des mots du Président de l'UEFA à l'encontre du manager général d'Arsenal offrait quelque nouveauté - rendons hommage à Monsieur Wenger pour avoir su faire preuve d'élégance en répondant justement, sans excitation, exemplaire comme il l'est aussi sur le banc.

Je lisais ce matin un édito de Didier Braun dans L'Equipe, qui prenait la défense de l'ancien numéro 10. Celui-là est volontiers accusé de "réac" parce qu'il refuse l'introduction de la vidéo dans les décisions arbitrales avec la même obstination que celui qui décida de passer le reste de sa vie dans les arbres et de ne jamais plus en descendre par rébellion contre son père. Platini est-il aussi fou ?
Didier Braun est convaincu que non. "Quand la vidéo rendra l'arbitrage infaillible, règnera la justice absolue. Ce sera un autre football, qui ne connaîtra plus la tolérance. On peut, avec Platini, ne pas avoir envie de cette modernité-là".

La formule fait mouche, reconnaissons-le. En tout cas, j'aime cette idée que l'erreur humaine doit être acceptée comme une donnée ordinaire de nos vies et que le sport, fût-il le lieu de passions parfois redoutables et d'enjeux financiers surdimensionnés, ne peut ou n'a pas à échapper à la règle. Un droit désincarné m'insupporte tout autant que l'erreur elle-même. L'application mécanique des règles, la chasse à la subjectivité défaillante, au ressenti, bref à tout ce qui fait le jugement d'un homme, me procurent un certain frisson, de l'inquiétude. L'idée que toutes ses décisions peuvent et doivent être amendées ou validées après coup, par la sainte assistance d'une machine aussi sophistiquée soit-elle m'apparaît effrayante. La justice n'est-elle parfaite que lorsqu'elle est froide, déshumanisée ou "absolue" ?

Tolérer l'accident, la force majeure, même celle qui proviendrait d'un homme, c'est tout ce que notre monde occidental met du coeur chaque jour à rejeter d'une manière générale. L'erreur est une faute, une anomalie à éliminer, un grain de sable insupportable pour qui croit tristement qu'un univers maîtrisé, un monde où rien ne dépasse et rien ne froisse, est non seulement possible mais doit être impérativement recherché.

Faut-il penser que le Président finira par descendre de l'arbre où il s'est perché, poussé vers la chute par des vents inexorablement contraires - à moins que ce ne soit par l'effet de la gravité et le concours déloyal de son relatif embonpoint... ?
Il faut bien reconnaître que le rejet de la vidéo peut être difficile à avaler pour certains. Je parle des principaux acteurs du football, des joueurs, des entraîneurs et de ces dirigeants pour qui décrocher des titres ne se réduit pas seulement à la joie de compter ce que la victoire a rapporté. Pour eux, le football est un métier, et il paraît injuste de leur enlever ce qu'ils ont mis du coeur à obtenir, ou à tenter d'obtenir. Il est un métier qui a ses règles propres. Leur transgression suscite une amertume légitime, une injustice sans doute. Pour ceux-là, pour ceux-là uniquement, la vidéo serait un droit. Sauf à considérer qu'ils doivent accepter, dès le départ, dans l'accomplissement de leur travail, l'erreur d'arbitrage comme un élément de celui-ci...

Retour à la case départ. Il me reste une conviction : celle qu'en toute chose il y a des points positifs et négatifs et que tout dépend de l'esprit et de la manière dont elle est utilisée. Ce n'est pas forcément une réponse, j'ai plutôt l'impression de ne pas trancher. Mais c'est volontaire, parce que je ne vomis pas la vidéo mais redoute le parfum de chasse aux sorcières qui l'entoure et la finalité intéressée de son recours.

Et vous ?

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