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Objectif sport
24 octobre 2010

A mon corps arbitral défendant

Vous pouvez éplucher les archives, passer votre dimanche à fouiller les vieilles affaires qui dorment sur ce blog, vous ne trouverez pas une ligne décriant le travail bâclé d'un arbitre - oh, en cherchant bien, si vous avez un peu de flair ou de chance, vous tomberez peut-être sur la moitié d'une consacrée à un Rosetti qui l'avait bien cherché ! Ce n'est pas vraiment le style de la maison. N'y voyez pas nécessairement le signe d'un respect aveugle et mécanique de l'autorité ou celle d'un reste d'éducation trop ferme et religieuse. Il serait plutôt question ici d'une croyance profonde dans ce que l'homme est capable de produire.

Un homme au milieu des hommes

Car l'arbitre, avant d'être une institution qu'on voudrait intouchable, est d'abord une personne comme vous et moi, habitée par ses torts et ses raisons, par ses doutes aussi. Imaginez alors ce que donne un homme jeté dans la mêlée, au milieu d'autres hommes ! Soyons réaliste, n'exigeons pas l'impossible, du moins pas avec lui : faisons-nous à l'idée une fois pour toutes que la perfection de l'arbitrage, quand elle existe, n'est souvent qu'accidentelle et qu'elle ne tient qu'à des détails, du hasard, parfois de l'instinct. La plupart du temps, l'arbitre fait face à des situations qui ne sont pas toujours des cas d'école et doit adopter la bonne réaction dans la seconde. Avec son oeil humain et son temps humain. Autant dire qu'à moins d'imaginer le soutien de la vidéo (beurk !) ou de renforcer la possibilité d'arbitrage rétroactif (gommons les erreurs les plus grossières !), il faut se préparer à digérer les fautes commises par l'homme en noir. Avec ce bémol, qui marque la limite du tolérable : à chaque sortie, l'arbitre jouit d'un stock de marge d'erreur qu'il a le loisir d'épuiser... ou non ; au-delà, les critiques et les remises en cause redeviennent légitimes, même les plus dures, tant qu'elles restent mesurées.

Un arbitre dans l'arène

Revenons à du concret. Des fautes d'arbitrage, il y en a à foison - à se demander si c'est affaire de saison, tant elles se multiplient à toute époque de l'année. La semaine dernière a eu son cortège de pompons, ne remuons pas le couteau dans la plaie rennaise. Enfin, abstenons-nous de le remuer dans l'ancienne (ouverte à Lens), mais pas dans la nouvelle : hier, sur sa pelouse du Stade de Lorient, les jeunes pousses de coach Antonetti ont - encore - assisté à du grand n'importe quoi.

Antonetti

La faute à qui ? A l'homme en noir, gambadant en bleu hier soir entre les gouttes bretonnes. Rarement un tel niveau de défaillance - j'allais écrire "médiocrité" - a été atteint et je devine déjà le papier assassin de Pierrot - un billet finalement assez sobre... Pour ceux qui n'ont pas eu les images ou lu le bilan, deux cartons rouges ont été distribués dans chaque camp sur des motifs qui resteront à jamais obscurs : un tacle viril, mais sur le ballon, de Bocaly a valu, sur le champ, l'expulsion du défenseur sans passer par la case jaune ; un coup de tête maladroit de Mangane sur le crâne d'un Montpelliérain, donné alors qu'il était à la lutte dans un duel aérien, et l'arbitre, affolé par la perte de conscience de la victime, brandit sèchement la biscotte sanguine. No comment...

Une cerise sur le gâteau

A cette démonstration de sang-froid viendra s'ajouter en toute fin de match une prise en sandwich justement sanctionnée par l'arbitre au profit des Rennais. Oui, mais voilà, il y a un hic : la faute a été commise dans la surface de réparation, sous les yeux de l'homme au sifflet. Pas d'arbre entre le ballon et lui, pas de joueur. Juste deux ou trois mètres d'air pur et d'herbe mouillée par la pluie et heureusement tondue. Rien n'aurait donc dû déformer sa vue ou altérer son jugement. Que nenni ! Coup franc ! Et, finalement, le ballon passera au-dessus du mur et de la barre transversale - notez qu'il n'est pas dit que le penalty aurait été transformé, vu le taux de réussite à cet exercice, lamentable hier soir.

C_Ken_Ronaldo

Monsieur M. ressent-il le plaisir du devoir bien accompli ? Pas sûr. Les erreurs à répétition et les terribles approximations ont coûté un point à des Bretons habitués à ce genre de sentence et qu'on sentait presque résignés, à l'image d'un Antonetti philosophe et mu en agneau au coup de sifflet final. Que l'homme en noir se rassure toutefois : il n'est pas le seul à m'avoir donné des boutons. Il y a d'autres chantiers à ouvrir (et je ne parle pas du hors-jeu évident d'un Rivière buteur dans le chaudron redevenu magique), comme cette situation incroyable et tellement contraire à l'esprit du jeu, dans laquelle Cristiano Ronaldo s'est retrouvé à Bernabeu, hier soir, contre le Racing Santander, avant d'inscrire le deuxième (3e ?) de ses quatre buts personnels (victoire 6 à 1). Le Ken portugais était-il en train de renouer ses lacets ? Il marchait au niveau de la surface de réparation adverse, tardant à se replacer alors que le jeu se développait dans le rond central et que les défenseurs du Racing se tenaient fort normalement plus haut, à une vingtaine de mètres de lui. Le ballon, récupéré par un Di Maria très très bon, a été écarté sur l'aile droite pour le talentueux Ozïl, parti dans le dos de la défense. Une aubaine pour la star de Madrid, qui fait quelques pas et attend, dans l'axe, la passe de son coéquipier. Une affaire de deux secondes. Le centre arrive, parfait, et le ballon terminera sa route dans les filets.

Le stade explose, Cristiano lève les bras, l'armada blanche le félicite... Tout ceci m'écoeure - bizarrement.

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Commentaires
C
Rebondissements dans l'affaire "Mangane" ?... Ah, ben, non ! La Commission de discipline de la Ligue professionnelle vient de rendre sa décision (http://www.lfp.fr/corporate/article/les-decisions-du-jeudi-28-octobre.htm) : elle valide le carton rouge donné au défenseur rennais et le suspend en conséquence pour un match. La réaction d'Antonetti ? Il se dit "désabusé" (http://www.lequipe.fr/Football/breves2010/20101029_082427_mangane-antonetti-desabuse.html) - un mot un peu faible, on l'imagine, par rapport au fonds réel de sa pensée. On le comprend et on partage son sentiment...
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