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Objectif sport
1 octobre 2008

La Buena Madre en Espana

J’ai été mauvaise langue : les deux jambes d’Hatem Ben Arfa ont fini par partir en vacances ensemble dans la capitale espagnole, même si, visiblement, une fois sur le sol des Merengue, le pied gauche s’est remis à faire la tête au pied droit… La deuxième sortie de l’OM en Ligue des Champions s’est jouée dans l’antre de l’Atletico sur un air de « Passe-moi le ballon, s’il te plaît, que je goûte un peu du cuir ; – T’es fou ? J’ai le ballon, je le garde ! Regarde ce que je sais faire avec… Aïe ! ».

(Notez l’emploi du terme « vacances », qui me paraît spécialement approprié tant la prestation du soliste n’a pas été… à la hauteur des espoirs placés en lui…)

Le bilan de la soirée ? Rien qui sorte de l’ordinaire, dirait-on. Les clubs français – ne visons pas seulement Marseille – ont « décroché » deux défaites, Bordeaux ayant perdu 3-1 contre la Roma. Le climat est morose, et demain sans doute, les mouches se précipiteront sur les cadavres. On devrait lire dans la presse que le championnat de l’Hexagone est décidément bien mauvais et ses équipes, bien mal armées pour les grandes joutes européennes.

Faut-il souscrire à l’analyse ? Je veux éviter l’amalgame et la précipitation.

Les difficultés de l’OM ne sont pas nouvelles. Elles sont identifiées depuis que le carnet de chèques du club le plus populaire de France a retrouvé sa place dans le tiroir. Dans la compétition européenne la plus prestigieuse, elles sont plus criantes : une défense dénuée d’expérience et de vrai patron ; un milieu de terrain qui compense mal son manque de densité par ses velléités de combat ; et devant, des joueurs de talent inégal et trop peu physiques pour peser sur l’adversaire ou se faire craindre – je me demande, Ziani ou Koné peuvent-ils sérieusement faire peur à ce niveau ?

En ce qui concerne le nouveau numéro 20 de l’équipe phocéenne, la jeunesse n’a pas jamais été un obstacle à l’éclosion d’un génie. Or, il semble que son arrivée sur la Canebière où la responsabilité du jeu lui a été confiée, responsabilité qu’il appelait de ses vœux, n’a pas encore fait mentir ceux qui émettaient des réserves en début de saison. Le but de Ben Arfa au Mans trois jours auparavant a été salué comme un exploit individuel formidable ; il aurait été sorti la minute suivante si j’avais été en poste ! Question d’appréciation, de jugement, mais je sais ce que je cherche dans le football, et j’ai mon idée concernant les moyens à mettre en œuvre pour parvenir aux fins que je fixe. Et ce dribble-là devant le gardien manceau, interminable, ignorant de ce qui se passe autour, résumait le joueur en en accusant les limites.

Mais il serait injuste de s’en prendre à Ben Arfa qui a encore le temps de mûrir. Autour de lui, le constat était triste. A ma grande surprise, j’ai même entamé une conversation à distance avec Aimé Jaquet et Laurent Paganelli. Je devançais leurs mots quelques minutes avant que ceux-là les prononcent. Mon « trop de jeu dans l’axe » devenait ainsi un « pas assez sur les côtés ». Mon « pas de joueurs lancés comme des flèches à travers la défense » se muait en « manque de pénétration »… Il faudrait revoir le match, mais il m’a semblé que le grand absent de la soirée fut le « une-deux » ; autrement dit, pas de mouvement, pas d’appel de balle, pas de ballon accompagné et pas de soutien offensif…

Et pourtant, l’Atletico ce soir était emprunté, pas aussi inspiré qu’il l’a été jusque-là en Liga. Le pressing n’a pas été étouffant et il n’y eut finalement que peu de situations dangereuses devant la cage de Mandanda. Mais ce déficit de folie a suffi à prendre les trois points, c’est dire…

Pour ce qui est de Bordeaux, l’équipe a manqué d’audace, un peu, et de chance, beaucoup. Mais le temps devrait corriger ses défauts. Face à des Romains dominés en première période, les Girondins se sont montrés souvent autoritaires et solidaires. Reste que ces deux qualités utiles pour ramener les points en Ligue des Champions gagnent en constance.

Et puis, il y a Yoann Gourcuff… Il a été bon, à l’exception notable d’une relance dans l’axe qui a précédé l’un des trois buts italiens. Mais si je m’arrête un instant sur le joueur, c’est que j’ai découvert ce soir un meneur de jeu de très grande classe. Il serait idiot de vouloir trouver à tout prix dans ses manières des signes zidaniesques, mais… Ce n’est pas son regard sombre et concentré, décidé au combat, ni le scapulaire dessiné sur son maillot qui m’y font penser. C’est plutôt ses prises de balle. Avez-vous vraiment déjà pris deux minutes pour regarder ses gestes et les conduites de balle qui les suivent ? Sa façon de jouer la tête haute, de lever le menton quand le ballon est dans ses pieds et même avant, me rappelle Ballack, le soir où le Bayern était venu jouer à Gerland en 2003. Ce soir-là, le commentateur était ébloui par le don du capitaine allemand de jouer sans jamais vérifier si ses lacets étaient bien noués, et ça m’avait marqué. C’est, aussi, l’attitude de Gourcuff lorsqu’il n’a pas le ballon qui me titille. Ce sont ses jambes légèrement fléchies, prêtes à contrôler, à accélérer ou à passer… C’est… C’est… Ah ! Ca y est : c’est son élégance sur le terrain qui me fait le plus penser à Zidane. Une élégance propre aux grands numéros 10.

Regardez-le courir en ce moment, et vous devriez me comprendre.

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