Comment ?... Comment un homme comme Jean-Marc Nobilo peut-il laisser sur le banc l'excellent Jean-Michel Lesage au premier coup de sifflet d'une rencontre de L1 ?
L'entraîneur du Havre est un formateur reconnu et apprécié de ses joueurs, c'est entendu. Il leur fait confiance, croit en leur progression et les défendra dans les mauvais moments. Bref, il les forme sur le terrain, dans l'ambiance du stade et des contacts rugueux. Mais la foi ne résiste pas toujours aux réalités des rencontres. Or l'équipe doyenne du championnat de France peine à construire un jeu, plus encore ses dernières semaines alors qu'elle compte dans ses rangs un joueur d'expérience, dans la moyenne haute des techniciens, gaucher et passeur. Un meneur en somme. Le Havre, hier, à domicile, en avait drôlement besoin, la première mi-temps l'a démontré. Et cédant à la logique, Nobilo fit entrer le sage par qui tous les ballons sont passés et tous ont été bien donnés, dans des pieds amis ou dans les espaces libres, moyennant deux ou trois touches de balle intelligentes - ce qui est plutôt rare. La seconde mi-temps fut incroyable tant le nouveau leader de l'équipe locale a écrasé le match et fait trembler Paris à lui tout seul.

Je ne peux pas m'empêcher de penser que la jeunesse et le talent en devenir ne font pas tout. Arsenal aujourd'hui, Saint-Etienne et Le Havre ont en commun de parier sur le futur, à leur échelle ; et tous trois connaissent des difficultés comparables - pour ce qui du club d'Arsène Wenger, Cesc Fabregas a regretté en début de saison le manque de poids et d'expérience de son équipe, lui qui en est le taulier à 21 ans seulement. Ca donne à réfléchir sur une question sans véritable réponse : quel est le secret de la réussite ? Savoir allier jeunesse et expérience, former, rivaliser et durer sont des exigences. Reste à savoir ce qu'il faut faire pour y parvenir.

La parenthèse se referme ce soir sur un joueur et sur un moment comme on en voit peu. Le joueur, c'est Guillaume Hoarau. Il me donne l'image d'un diamant à gratter, encore pataud parfois, travailleur et tellement humble. Le moment, c'est sa sortie au Havre après qu'il a marqué deux buts contre son ancien club sans avoir manifesté extérieurement sa joie. Le stade s'est levé et a applaudi l'enfant de Deschaseaux, sans animosité ni rancoeur. Une rareté en France.

Just an illusion

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