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Objectif sport
30 janvier 2011

La dernière marche

A deux doigts du mea culpa. A deux centimètres de la ligne rouge... En cause une tendance frénétique à encenser l'équipe de France de handball, à prévoir dès Bercy ce qui serait un non-événement écrit d'avance - une finale suédoise contre une Croatie finalement trébuchante - et à tremper en permanence dans un bouillon d''euphorie. Je me demande si je n'ai pas pris quelque liberté avec le sacro-saint principe d'objectivité qui campe généreusement dans la bannière de ce blog. Oui, j'ai manié les superlatifs sans m'en rougir les joues...

karabatic_horizontaleLa demi-finale contre le pays hôte m'a fait douter - un retour à l'introspection plus qu'à la modestie. Non pas parce que la France aurait imité ses meilleurs ennemis Balic & friends contre des Suédois portés par leur public, mais parce que la première partie de la confrontation a montré que les Experts savaient aussi jouer de manière ordinaire, comme leurs adversaires du soir. On a beau examiner le match à la loupe, pas de génie offensif, juste quelques étincelles, comme la montée de balle solitaire de Karabatic (10e), qui prend appui dans l'axe à 11 mètres, vole au-dessus d'un mur de bras et marque après un rebond rageur du ballon sous le gardien.

Oui mais voilà, il y a toujours un hic avec ces Français-là. Même quand l'animation du jeu est poussive, quand la défense adverse - rendons à César... - ferme les portes et cadenasse la moindre offensive. Les Bleus au ralenti continuent de (dé)rouler quand d'autres s'arrêteraient et prendraient logiquement du retard. Dans leurs temps faibles, les solutions de repli se multiplient : Guigou rentre les tirs à sept mètres, Omeyer traumatise les tireurs adverses. Le revenant Barachet trouve des espaces entre les jambes et captain Fernandez dicte le tempo. Karabatic exécute son mouvement favori (43e) après un "c'est pas par là c'est par là" réinterprété, qui file à l'adversaire une entorse.

Une patte et un caméléon

Et puis il y a la fonction de la touche. L'effet dopant d'un banc qui explose. La patte d'Onesta qui fait évoluer les schémas défensifs pour dérouter les coachs adverses, leur faire perdre les repères (passage incessant du 6-0 au 5-1 ou 4-2). Des changements parfaitement assimilés par des pions en or, qui récitent la partition sans fausse note ni réticence.

bertrand_gille_le_retour

Mais tout ce bla bla ne serait - presque - rien si l'on passe sous silence le travail harassant et à demi-invisible de celui qui a réalisé sa meilleure sortie sous le maillot pendant cette quinzaine, Bertrand Gille. Il n'y a pas de hasard à le voir surgir lorsque le reste de l'équipe tâtonne. Dans le groupe, le meilleur joueur du monde cru 2002 est celui qui a le profil. Celui du type sympa en dehors du terrain, qui se mue en combattant infatigable sur le parquet. Dès qu'il prend la relève, peu importe les bras suédois, celui de Du Rietz ou de Carlen ; la France n'a plus à avoir peur.

Et finalement, malgré l'imperfection, malgré le défaut d'imagination, quatre, cinq, six joueurs plus un leader font la différence. Quatre, cinq, six plus un ont tiré l'équipe jusqu'au résultat, jusqu'à la dernière marche. Quatre, cinq, six plus un, c'est-à-dire, en somme, toute une équipe.

Les Danois sont prévenus. Bon courage à ceux qui, en déficit d'expérience, devront lutter pour éviter la leçon - la même que Djoko vient de donner à Andy à Melbourne.

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