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Objectif sport
24 janvier 2011

Petit Canari deviendra Aigle

S'accorder une pause... Si vous le voulez bien, je propose qu'on oublie quelques instants les préoccupations et les drames des grands championnats pour nous ressourcer. Plongeons-nous dans le coeur du pays, là où la terre est le théâtre d'un football d'abord français, bien qu'il soit aussi européen par la forte logique de la tectonique - je ne parle pas de cette danse éphémère qui appartient, fort heureusement, à une génération déjà honteuse de sa culture enfantée. Vous aurez compris sans doute que je vous invite à parler local et, chemin faisant, à parler Ligue 2.

Est-ce faire - enfin - pénitence ? En fait, non. Cette résolution est autant dictée par la pression d'un entourage familial inquiet de ne rien lire sur le club de sa ville, que par un accident de l'histoire et de la géographie : ben oui, il y a pire, pour un amoureux du football, que de vivre sur les bords de l'Erdre et de se pencher sur le cas d'havre de Nantes.

Le vilain tour du petit Prince

Figurez-vous que ça bouge en ce moment, chez les Canaris. Il y a de la vie à la Jonelière puisqu'un oisillon veut quitter le nid. Une décision qui fait des vagues - soyons honnêtes, ce sont plutôt des vaguelettes. Pas de quoi susciter un tsunami, la capitale peut dormir tranquille.

Quel est le problème ? Pour aller à l'essentiel, le problème, c'est le nombre de plumes sur le dos du petit Canari. Assez ? Pas assez ?

On a appris récemment qu'un pur produit du centre de formation devrait bientôt signer avec le club de Benfica. Or, Lionel Carole a 19 ans et, après un premier contrat signé à l'aube de ses 17 ans avec le FCNA, il sera libre en juin. Certains crient au scandale. Le conseiller du néo-silencieux Kita d'enchérir dans un style très imagé : "On l'a sorti de la merde. On en a fait un joueur de foot (...). Ce n'est pas un doigt dans le cul qu'il nous met, c'est un baobab." Classe ! On aurait sans doute préféré la métaphore plus subtile, mais, visiblement, la trahison dépasse le seuil tolérable, quoique douloureux, du simple coup de poignard dans le dos.

Lisbonne01Il faut savoir que, si la Charte du football professionnel garantit au club formateur un droit de retour sur investissement (avec notamment, un droit de priorité pour la signature d'un premier contrat pro et un droit à indemnité en cas de non signature), la donne change au terme de ce premier contrat : le joueur a payé sa "dette" ; il redevient libre d'aller tâter le cuir sous un autre ciel. Cela peut refiler des boutons aux Nantais, il n'y a là que la vie - on s'est aimé, mais on se quitte.

Quand le droit abdique, le sentiment prend le relais - il ne reste plus que ça, au fond, pour se révolter. On agite l'argument de la reconnaissance ou de la justice de façon à attendrir et à substituer au lien contractuel défaillant un lien de coeur, sincère, grossi ou inventé. Pour Carole, il s'agit exactement de ça : le latéral gauche est un espoir du football national et appartient à une génération (Sasso, Barré, Lusinga, Nego, Rodelin et, en marge, Lee et Vainqueur) qui redonne le sourire et des perspectives aux jaune et vert. Sans faire de bruit, le club a entamé sa reconstruction en renouant avec une recette qui a fait sa fortune : la formation.

Un drame familial

Du coup, le départ programmé du sosie d'Edgar Davids fait tache. C'est l'enfant de la famille qui claque la porte sans projet de retour. Il est dommage que les critiques portent alors plus sur le choix qu'on soupçonne extra-sportif - la promesse d'un contrat juteux - que sur la volonté affichée de se désinscrire ainsi du destin du club.

L'arbitrage de Lionel Carole est surprenant et décevant de ce point de vue. Pour ce qui est de l'argent, peut-on réellement s'indigner ? A force d'agiter les euros au nez et au duvet des jeunes pousses françaises, je ne crois pas qu'il soit juste de jeter la pierre à ceux qui plongent, bras écartés, dans le système. On peut regretter qu'ils n'écoutent pas les conseils quand ils en reçoivent. Mais n'est-ce pas la faiblesse de leur âge que de se croire trop beaux et trop responsables avant l'heure, et d'être rebelles à toute forme d'autorité ? Une clémence dont, soit dit en passant, ne profite pas l'agent, qui n'a pas l'excuse de l'adolescence et sait très vite où est son intérêt - un agent qui répugne trop souvent à l'éducation de son placement et préfère faire miroiter au joueur ou à sa famille une situation, une Cayenne et une villa avec vue sur la mer.

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Jouer au plus haut niveau, dans un club exposé médiatiquement... Même Ruuuuuud, le pré-retraité de la Bundesliga, est prêt à payer pour y goûter à nouveau avec le Real ; imaginez un minot... L'occasion est belle de rapprocher les situations de Carole et Benzema et de mettre les choses au clair.

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Le départ au Real est aujourd'hui discuté et le débat glisse souvent sur son prétendu choix de privilégier le chèque - et le banc - plutôt que le jeu. De la pure bêtise ! La perle du foot français a aujourd'hui un challenge à relever et cherche à prouver quelque chose. A la terre du foot, mais surtout à lui-même. A lui, encensé en France et dont la confiance, si essentielle, est tombée à plat, comme un soufflé, depuis que son talent a été remis en cause - hypothèse totalement impensable il y a quelques mois.

Je persiste : je ne crois pas qu'il ait fait le meilleur choix en signant au Real et en décidant d'y rester alors que Manchester lui fait les yeux doux, mais son combat est respectable. Il est un footballeur hors norme et joue pour le club de ses rêves. Il ne lui reste qu'à y faire son trou qui pourrait devenir avec le temps, c'est vrai, une tombe. Sur le même registre, envisager un retour en France est un projet avorté d'avance. Jean-Claude Dassier n'en a visiblement pas bien conscience et n'a pas hésité à lui faire un appel du pied. Mais KB restera sourd aux invitations parce que tout transfert signifierait l'échec. Or, il est encore temps d'essayer, avant de se résoudre à rebrousser chemin.

Carole, lui, n'est pas encore sur le circuit - ... Souhaitons simplement qu'il ne se destine pas déjà à une sortie de route.

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