Domenech Holds Them !

Bon sang de bonsoir ! Assez ! Ne va-t-on pas bientôt en finir avec tout ça ? Je reprends pour ceux qui, au dernier rang, près du radiateur - novembre oblige -, n'ont pas bien suivi. Alors qu'on le croyait enterré, voici que d'autres le ressuscitent. Précisons quand même qu'on le sort de la tombe pour le brûler encore une fois ; il y a des limites au masochisme...

Insistons : "On le sort de la tombe"... "On"... Le légendaire esprit de provocation de Raymond - puisque c'est de lui dont il s'agit - est constamment dénoncé et encore maintenant, mais tout ce tapage médiatique, ce remue-ménage... D'où vient-il exactement ? Ni conférence de presse, ni interview, c'est étrange. Est-ce à dire que ce sont... non, une certaine presse n'aurait pas osé... Oh, même si elle l'avait fait, est-ce si grave ? On frôle l'intérêt national ! La traque, le lynchage de cet homme sont d'ordre public : ça ne met pas de beurre dans les épinards, mais ça défoule... autant que ça fait vendre !

Feu notre sélectionneur fait donc à nouveau parler de lui. En mal, cela va sans dire. L'homme, punching ball préféré des médias à gros tirage et des habitués des troquets n'a qu'à bien se tenir : qu'il essaie de sortir le museau dehors ! Au bûcher ! La réaction est peut-être excessive, mais, au fond, qu'importe la mesure, il l'a bien cherché, non ?

Une tranche de boeuf à 3 millions !

Son nouveau fait d'arme ? "Défendre son bifteck", assigner la Fédération - son ancien employeur - et réclamer devant les juridictions prudhommales la bagatelle de 3 millions d'euros (rappel de salaires + indemnités pour préjudice moral). La communauté s'indigne ; une communauté, en fait : celle des bien-pensants, des honnêtes gens, légèrement oublieuse des règles qui sont faites pour tous. Je suis, tu es, vous êtes l'égal de Domenech - en droit, rassurez-vous - et celui-là, pas moins que moi, toi, vous, a le droit d'en exiger le respect. Or, force est de constater que la FFF a agi dans la précipitation - on l'imagine plus soucieuse, à l'époque, de sauver ses meubles et de caresser peuple et politiques dans le sens du poil que de garder la tête froide et de nager à contre-courant. Parce qu'elle est indéniablement fautive, comment s'étonner d'une telle "contre-attaque" de la part de l'ancien défenseur international, boucher dans une autre vie ?

Quoi, le montant ? On peut gloser longtemps sur la somme requise par l'avocat du sieur Domenech, mais ceux-là naviguent dans des sphères auxquelles nous n'appartenons pas. Et quand on examine le salaire de la "victime" et qu'on imagine le traitement qu'elle a subi - bien malin celui qui a su l'ambiance dans les coulisses de la Fédération -, cela ne me choque guère. On regrettera juste que ceux qui se retrouvent sur le banc des pointés du doigt ne soient pas plus nombreux : sans fouiller bien loin, je suis sûr qu'on pourrait en trouver quelques-uns prêts à s'arcbouter derrière une défense toute trou(v)ée - la belle liberté d'expression...

Le droit et la morale avec Domenech

Sur le terrain de la morale, la chose se discute-t-elle plus ? Si certains pensent que non, d'autres estiment au contraire que c'est "sordide et indécent". Pour un peu, on se croirait au pays de Casimir. Réveillons-nous, le monde n'est ni rose ni bleu. Certes, ce n'est pas une raison pour le noircir davantage, mais ne chargeons pas non plus qu'un plateau de la balance. Qui sait vraiment ce que Raymond a enduré ? Sans compter qu'il y a très certainement, logé au fond de nous tous, un esprit de revanche si intense qu'on manque d'envie de le retenir quand l'occasion de le libérer se présente. Raisonnable, ça ne l'est pas ; mais avouons que ça fait un bien fou. Dans l'histoire de l'arroseur arrosé, les gentils ne gagnent pas toujours - peut-être d'ailleurs parce que ce ne sont pas de vrais gentils...

Non, il y a plus de raison de s'insurger contre la mise en scène de l'artiste dans cette publicité pour un organisateur de tournois de poker en ligne, qui a réalisé le coup de l'année en engageant Domenech et en proposant aux amateurs de Hold'em d'éliminer - pour de faux - la personnalité la plus détestée de l'Hexagone. Quoique... Passé les premières secondes insupportables, le petit film devient extrêmement drôle et, même, fin. La partie de "Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette", sur fond de parodie de Kick Boxer, m'a même arraché un sourire...

Ce qui indigne et qui inquiète, ne serait-ce pas finalement la promesse d'une victoire - enfin une ? Vu la pâleur des réactions du camp d'en face, il y a tout lieu, en effet, de penser que Raymond empochera les trois points millions. Lisez plutôt : "Préjudice moral ? Je crois que le football français pourrait demander aussi beaucoup en préjudice moral" (F. Duchaussoy, président intérimaire de la FFF).

Mouais... "Pis d'abord, il a de gros sourcils tout moches" produirait le même effet devant un juge...