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Objectif sport
16 juin 2010

Marathon du Mondial : pause jus d'orange

Nous y sommes, à ce qui est plus ou moins convenu d'appeler la fin de la "première journée de la compétition". L'heure d'un petit bilan, d'une pause jus d'orange dans notre marathon. Demi-surprises, absence de grand spectacle - du moins, c'est ce que l'on crie dans les studios feutrés de Paris, comme si, là-bas, on était habitué à voir du jeu... Quels enseignements tirer ?

1/ Le torchon brûle-t-il déjà entre le Cameroun et Paul Le Guen ?

L'un exige des résultats quand l'autre tente péniblement d'avancer des justifications... Ben oui, le Cameroun n'est ni le Brésil ni la Côte d'Ivoire. A écouter Eto'o, la terre africaine a beau stimuler jusqu'à la sur-excitation ses enfants, il y a des limites que les rêves, même, ne savent franchir. Le Cameroun n'est plus assuré de sortir des poules, mais, après tout, est-ce une si grande surprise ?

leguenCe qui me choque est l'ambiguïté du rapport qu'entretient sa majesté Samuel Eto'o avec son sélectionneur. Ce n'est pas pour prendre la défense du Breton, mais écoutez le discours face caméra du joueur dont on connaît la grande fierté et retenez-vous de vomir : il y a quelque chose d'anormal, d'incroyablement pervers et de profondément pourri dans sa posture ; rappeler avec insistance qu'il est le meilleur footballeur africain - c'est Drogba qui doit rigoler... - et le plus grand buteur de l'histoire africaine, d'une part, et expliquer, avec la même lourdeur, qu'il se sacrifie pour le bien de l'équipe et de son pays en jouant à tel ou tel poste, d'autre part, me laisse mal à l'aise. Ces mots-là n'ont pas à être dits en dehors de la sphère privée. Prendre le public en témoin, c'est se glorifier, d'abord, et mettre, ensuite, une pression sur le sélectionneur dont celui-ci se passerait bien ; histoire de lui rappeler qui est le roi.

2/ Les favoris restent dans les starting-blocks ; la Suisse sera-t-elle championne ?

J'ai depuis mille ans (?) la conviction qu'on ne gagne pas un Mondial comme on remporte l'Euro. En règle générale, et à une exception grecque près, le titre européen est promis à celui des poids lourds qui propose le meilleur football du moment. Que ce soit l'Allemagne en 1996, les Pays-Bas en 1988, la France de Platini et de Zizou ou l'Espagne dernièrement, sans oublier le Danemark de 1992, le ticket gagnant est souvent décerné au plus méritant.

dungaParce qu'il est d'une autre nature, le Mondial réussit généralement à des équipes solides avant d'être généreuses. Et le Brésil, me dira-t-on ? Il n'y a qu'en 1970 que succès et esthétisme ont été parfaitement conjugué. Vingt-quatre ans plus tard, les Auriverde ont montré un autre visage et le joueur qui incarnait le mieux leur football, parfois laborieux, était Dunga - autant dire le "videur" du milieu de terrain. Et l'Italie ?... Chut ! Pas un mot sur ces voleurs de titre et de sac à main...

Si on fait les comptes, il n'est pas sûr que marquer 12 fois dans un match garantisse la victoire finale au Mondial. Certes, il faut marquer... Mais la compétition est longue et les adversaires ont des cultures de jeu, des tactiques très différentes auxquelles il faut pouvoir s'adapter. La priorité est donc d'être solide, bien campé sur ses bases. Le départ poussif des Anglais, la fausse partie livrée par les Brésiliens et les Néerlandais (qui, malgré la pluie de critiques, ont gagné, souvenons-nous en) et l'impuissance des Français me semblent plutôt des signes positifs. Il y a juste un moment où le déclic doit se produire - le moins tard possible. Le futur champion est alors parmi ceux-là. Le tout est de savoir - ou de pouvoir - faire la différence entre lui et ceux qui ont de vraies raisons de s'inquiéter - hein, les Argentins ? Hein, les Portugais ?

Et puis il y a l'Allemagne. La Mannschaft, sa culture de la gagne et sa discipline légendaire. Pour elle, le diagnostic est un peu brouillé. Son départ, bon ou mauvais, est tout sauf un indice. Quoi qu'il arrive, elle est dans le dernier carré. Comme le dit le proverbe, le football est un sport inventé par les Anglais, mais, à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent.

3/ La France bottera les fesses des Argentins !

Allez savoir pourquoi, mais je ne parviens pas à être pessimiste pour la suite du parcours des Bleus - ceci  est sans douté lié à cela (2). Pourtant, je cherche en vain les motifs de me rassurer : la confiance renouvelée dans un Ribéry incapable d'assumer son rang, l'impossibilité de faire trembler les filets adverses et les errements d'un Abidal au sommet de son art sont autant de boulets que la France doit traîner dans sa course vers le titre... Mais, je ne suis pas inquiet ou, plutôt, je n'arrive pas à l'être. Car ce qui m'a d'abord marqué lors du match 1 contre l'Uruguay, c'est l'emprise physique des Bleus sur la rencontre, leur solidité.

Si, par bonheur, mes Français prolongeaient leur séjour en Afrique, j'aimerais alors que ce soit pour manger l'Argentine et son faux football ; pour faire taire un homme dont le nom a changé de statut au fil des ans et des kilos : la légende Maradona est devenue une pitoyable injure.

4/ Une nation est triste : les Bafana Bafana sont - quasiment - éliminés.

S'ils conservent évidemment contre la France, lors du dernier match, un authentique pouvoir de nuisance parce qu'alors tout un peuple pousserait au rachat, les joueurs de l'Afrique du Sud ont perdu leur chance de rester plus longtemps dans la fête que leur pays organise. On entend que c'est un (juste) retour aux choses du football, à la réalité. Un réveil brutal pour une nation qui s'est précipitée dans l'euphorie au soir du premier match.

bafana

Mon diagnostic est un peu différent : d'abord, Oscar Tabarez, le sélectionneur de l'Uruguay, ne partait plus dans l'inconnu puisqu'il avait gravé, en mémoire et en DVD, la première rencontre des Bafana Bafana. Ils savaient qu'oublier de défendre comme l'ont fait les Mexicains n'était pas la meilleure des options. Il suffisait de fermer la porte, de poser un verrou, et la messe était dite.

Mais, plus fondamentalement, il m'a semble apercevoir ce soir, dans le jeu des Sud-Africains, un style vaguement brésilien, de l'application presque scolaire à garder le ballon au ras du sol et à redoubler les passes. L'empreinte de Carlos Alberto Parreira sans aucun doute. Sauf que, dure leçon, on ne joue pas à la Brésilienne sans Brésilien ou sans un équivalent. Avec une trop grande faiblesse technique accusée et une imagination totalement absente, les hommes en jaune ont buté sur un bloc uruguayen comme la marée contre une digue - Xynthia excepté. Ca manquait de tout, de profondeur ou d'accélération, parce qu'ils avaient atteint leur limite. Et le sélectionneur brésilien porte une responsabilité dans cet échec, car la greffe n'a pas pris et les Sud-Africains, aussi mal classés soient-ils, peuvent avoir le regret de ne pas avoir joué leur football.

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