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Objectif sport
20 avril 2010

Pacta sunt servanda

montesquieuA ceux qui ne connaissent pas le sens de ce gros mot latin, il s'agit d'un adage qui signifie que le contrat fait la loi entre les parties - et non que les pâtes sont servies... Dans le football, il résonne avec une réelle intensité puisqu'en l'absence de règles très fouillées, l'espace juridique est ainsi vidé au grand bénéfice des clauses du ou, plutôt, des contrats.

Est-ce à dire que ce qui est fixé par les parties l'est à jamais ? Oui et non. Le contrat dure tant que ceux qui lui ont donné vie le veulent. Libre à eux de le modifier, de le transformer en cours d'exécution, pourvu que les parties s'entendent ; la bonne foi rôde dans les pâturages contractuels. En clair, il y a, dans le contrat, sa lettre et son esprit. La lettre fait la règle, elle oblige à ce qui a été convenu. L'esprit peut, à l'occasion, libérer de son engagement celui qui serait en position de souffrir d'une inexécution trop littérale des termes du contrat. L'un se trouve alors en position de force : celui à qui la lettre donne raison. L'autre, est en position moins enviable. Il ne lui reste qu'à invoquer les esprits et attendre un geste de son partenaire. Dura lex sed lex : le contrat est dur, mais c'est le contrat.

dindane_pompeyCelui qui tient l'autre par la lettre n'est-il pas porté à abuser du pouvoir qu'il détient sur celui-ci ? La mise en garde de Montesquieu vaut sans doute un peu partout dans l'Europe du football - n'y voyez pas un jugement de valeur, seulement un constat -, mais peut-être pas dans le Nord de la France : Pompey, le club de Portsmouth, vient d'être mis en liquidation outre-Manche. Problème : Aruna Dindane, qui a été prêté par le Racing Club de Lens, devrait, par l'effet mécanique d'une clause insérée dans le contrat de prêt, en début de saison, être acheté par Portsmouth s'il foule la pelouse lors de la prochaine finale de la Cup. Le club anglais n'est pas capable de payer l'indemnité de transfert définitif (4 millions d'euros) ? La sanction tombe :  il sera privé de l'un de ses meilleurs éléments - "meilleurs" à l'échelle de Pompey.

La cause, bien triste, a été portée devant Gervais Martel, président historique du club artésien. On apprend ce matin, non sans un petit pincement au coeur, que ce qui a été noué peut être dénoué : Lens accepte de ne pas céder son joueur. Qu'il aille gambader sur l'herbe si verte des Anglais et se tordre un autre genou pour la plus grande joie des supporters, Lens ne réclamera pas son dû ! "La clause est morte, vive la clause" (un avenant a dû être conclu dont une des clauses gomme ou réécrit la précédente).

martelLa lettre et l'esprit, donc. Il fallait que ce soit ces Ch'tis qui montrent l'exemple. Que voulez-vous ? "Les gens du Nord, ont dans le coeur, le soleil qu'ils n'ont pas dehors", lalala lalala... On en attend pas moins d'eux. A moins que... La lettre ne chasse pas le mauvais esprit. Il n'y a que des naïfs pour "miser leur tapis" (Vegas, me voilà... !) sur le caractère désintéressé de la nature humaine et pour ne pas croire que Lens n'a pas négocié son si beau geste... La thèse, plus rabat-joie, n'est pas moins soutenable. Esprit mauvais, esprit chagrin. Je brûle d'impatience d'entendre à nouveau parler, lors du prochain marché d'été, d'échanges ou de tractations entre l'île et le continent !

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Commentaires
B
Effectivement, on peut saluer le geste de G. Martel. Mais, je suis peut-être un peu pessimiste, je doute qu'il le fasse sans en ressortir gagnant. Je ne connais pas véritablement le jeu de Portsmouth mais compte tenu de la position de faiblesse du club, il se peut que ce soit un pari sur l'avenir. Quand le club ira mieux, j'imagine que G. Martel saura rappeler au club anglais son "geste classe".
R
Oui, surtout qu'il n'est pas certain qu'un club anglais puisse faire de même avec un club français!
J
Evidemment on ne connait pas la nature exacte de la contrepartie qu'aurait reçu le RC Lens, mais vu la situation actuelle de Portsmouth, elle ne peut être mirifique... <br /> Tu fais donc bien de saluer le geste classe de Gervais Martel.<br /> A bientôt, mon grand...
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