Le petit (machin) chose

Prenez ça comme ça vous chante, une parenthèse, mieux un interlude, un entracte pourquoi pas – après tout, ne sommes-nous pas interrompus au beau milieu d'une pièce de théâtre ?

Ce lundi, huit personnes sont attendues au Conseil national de l'éthique – gageons que l'on circulera aussi bien sur le boulevard de Grenelle que sur le côté gauche du Paris Saint-Germain, samedi, au Parc... Si ce machin-là porte ce joli nom pensé, c'est parce qu'il a été érigé en gardien de la morale, une morale si souvent heurtée dans le monde moderne du football. On ne respecte plus rien, c'est ultra-connu ; alors, on dresse une instance comme on construit un mur dans l'espoir de mettre le sport-passion à l'abri des violences verbales qu'il engendre...

Car l'instance gère des dossiers, se réunit et prend quelquefois des sanctions à l'encontre de ceux qui ont pour tort – n'est-ce pas déjà suffisant ? – d'avoir dit des mots de travers. Michel Seydoux par exemple, président du LOSC qui compte parmi les personnalités convoquées ce jour, a  critiqué publiquement l'incompétence de la Fédération. Fichtre, en voilà une vilaine accusation : où sont les gendarmes ? Il faut intervenir...

On lit, ici et las, qu'un autre a décrit les membres des instances nationales comme de « vieux croulants moralisateurs » – oula ! – et encourt une suspension de plusieurs mois – bien fait ! Le sanguin Antonetti a tapé sur l'arbitrage après une défaite au goût très amer ? Il est sous la menace d'une suspension d'un match ! Les mauvais esprits auront vite fait leur calcul : par les temps qui courent, mieux vaut cibler les arbitres – voire le sélectionneur – plutôt que la Ligue ou la Fédération, ça paie mieux...

Ce petit manège – on dirait presque du cinéma – est-il amusant ou n'est-il pas seulement ridicule ? Vendeur de la morale à tout-va, le Conseil ne se rend-il pas lui-même coupable des dérives ou des excès dont il s'échine si ardemment à faire la chasse ? On a ressuscité Staline, explique le président lillois. On n'en est pas loin, en effet. Mon opinion simpliste de gauchiste caricatural ne mérite-t-elle pas, à mon tour, une belle lettre d'assign... pardon, de convocation ? C'est pas faute d'essayer... Ma parole ne porte-t-elle pas ? Non, vraiment, il n'y a pas d'égalité en ce monde...

Prenez ça comme vous voulez, mais rien ne me préoccupe plus, moi, que ces minutes de silence incroyablement et immuablement perturbées par une poignée d'individus sans racine ni cervelle. Il y aurait, là, pour sûr, des choses à faire. Mais, par malheur, ça n'entre pas dans les attributions du petit machin-chose.