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Objectif sport
15 décembre 2009

Parlons foot (Prologue)

12h17. Paris, bvd de Grenelle, 4e étage d'une tour de verre -

des individus sont assis autour d'une table.

"Et si on parlait football ?"

Le bruit que fait une chaise en la traînant sur le sol se fait entendre.

"... Que... ? ... N-N-Non, voyons ! Je vous en prie, rasseyez-vous !... M-M-M... Monsieur Domenech, restez avec nous... Vous ne voulez pas... ? Monsieur Domen..."

M. Domenech quitte la salle. Les autres hommes se regardent, interloqués.

- Fin -


AutrucheOui, bon, "interloqués", ce n'est pas crédible ; c'est exagéré, juste pour romancer. La désertion du sélectionneur était jouée d'avance. Lancer l'invitation est une provocation, tant les réticences de Raymond à parler du fond sont connues. A tort et à raison. Il a contre lui, c'est vrai, cette croyance quasi-religieuse, qui vire au mépris de tout et de tous, qu'il n'est redevable de rien envers personne. Ni supporters ni journalistes ni experts en tous genres, apprentis ou étoilés. Mais, à force de subir les coups les plus bas, n'en vient-on pas à comprendre qu'il refuse la discussion et fasse l'autruche ?

La situation arrange bien notre homme d'une certaine manière. On lui a servi sur un plateau un bon prétexte, un droit au silence, celui de ne rien entendre et de tout ignorer. Au moins, s'il lève le majeur bien haut en notre direction, il a, lui, l'élégance de ne pas le tendre face aux caméras...

2010

2010, on y est. Une année de Mondial, qui est aussi celle, pour notre sélectionneur préféré, de la séparation programmée. En juillet, quoi qu'il arrive, son sort sera scellé et on aura une nouvelle tête à observer et/ou à abattre... Chic, vivement l'été !

A l'évocation de 2010, tout se bouscule soudain. Quelles sont les chances de nos Bleus ? En voilà une belle question. Chacun a son idée, je ne dirai pas la mienne. En revanche, j'aimerais ouvrir un débat de fond s'agissant des choix tactiques appliqués à l'équipe de France.

BlackboardIl existe incontestablement des modes et des écoles. Le championnat de France, pour n'évoquer que lui, a connu surtout le 4-3-3 à l'Auxerroise ou sa variante en 4-5-1 du grand Lyon de la saison 2005-2006 - l'OL de Juninho, Mahamadou Diarra et Tiago... Il connaît maintenant le 4-2-3-1 des Girondins.

Je pose 4 et je retiens 3

Le 4-2-3-1, c'est le modèle retenu par Raymond, un modèle qui colle à nos Bleus comme une moule à son rocher ou comme un sparadrap indésirable aux doigts des personnages d'une bande dessinée. L'habitude de voir nos chouchous évoluer en rangs très serrés, dans ce costume étriqué, est tellement ancrée dans nos esprits qu'on ne pense plus à critiquer - au sens positif du terme - le schéma. Il n'y en a plus que pour les joueurs à sélectionner ou à remplacer. L'aspect tactique est passé au second plan, comme si le 4-2-3-1 s'imposait avec la force de l'évidence.

Qu'a donc pour lui ce modèle ? Un fondement divin ? Hormis sa prétendue modernité, je ne suis pas sûr de bien savoir. On croit qu'on ne résiste pas aux modes, ou alors difficilement ; on y parvient quelquefois, et c'est à ce moment-là que l'on goûte sa liberté, qu'on l'éprouve vraiment. Pour en revenir à nos bleus moutons, doivent-ils à tout prix rester enfermés dans ce choix ?  Là, il y a matière à débattre.

Coach_2Qui dit choix, dit option, élimination. Le choix suppose d'autres voies à explorer et à exclure à tête reposée, une fois qu'on en a fini avec la balance.

Elire son schéma tactique est une chose ; elle n'est pas la seule interrogation qui se pose. Au vrai, l'essentiel est de savoir comment choisir, ce qui revient à se demander qui, des hommes ou de la formation, doit commander l'autre ?

L'histoire de l'oeuf et de la poule

Se poser cette question, c'est déjà tenter de résoudre le casse-tête de l'oeuf ou de la poule. A un degré de difficulté sans doute moindre.

De deux choses l'une : soit le schéma doit s'adapter aux hommes, soit ce sont les hommes qui ont à s'adapter au schéma.

Pour ma part, aucun a priori. Les deux options ont leurs qualités et leurs défauts.  Il faut simplement décider.

Guy_rouxGuy Roux a appliqué la même recette pendant vingt saisons sur le banc bourguignon avec le succès qu'on sait. Il formait ou recrutait les hommes en fonction de ses besoins. Guivarch, Cocard, Vahirua, Kovacs, Diomède n'ont jamais été à proprement parler des footballeurs d'exception. Pourtant, la mayonnaise prenait...

DjibLa preuve par Djibril Cissé ! Le système tactique est fait pour faire briller sa pointe, servie par deux ailiers ou un meneur de jeu à l'ancienne, comme Enzo Scifo ou Corentin Martins. Sortez Cissé de son entonnoir et ses défaillances sauteront aux yeux. Le Djib' n'a jamais été un joueur qui apporte au jeu, il accuse trop de faiblesses techniques. Il est cependant un finisseur aux qualités athlétiques phénoménales - malgré des jambes en cristal.

Là est la cause profonde et vraisemblable de son échec à Liverpool, à  Marseille ou en Bleu. Exportable, son talent ne l'est qu'à la condition - paradoxale ? - qu'il touche le moins de ballons possible, qu'il participe un minimum au jeu. Il doit se limiter à faire ce qu'il sait faire, courir, frapper fort, conclure l'action. Le 4-3-3 auxerrois répondait à cette philosophie de jeu. Il a beaucoup profité à Baticle ou à Guivarch, en leur temps...

Des hommes et une formation

enceinteL'histoire est belle, mais la vérité est certainement plus subtile. On ne peut éviter d'opter en faveur de tel ou tel schéma par l'effet d'une culture du jeu ou d'une simple préférence. Cette part de subjectivité justifie d'ailleurs souvent que l'on fasse appel à Rudi Garcia plutôt qu'à Vahid Hallilhodzic, ou inversement. Mais le choix final sera aussi extrêmement dépendant des hommes. Le costume doit être taillé à leur mesure, moyennant quelques derniers ajustements. Tout comme le corps d'une femme enceinte refusera obstinément d'entrer dans du 34, si vous n'avez que des gardiens dans votre effectif, aucune formation ne vous permettra de remporter le championnat...

Il y a toutefois une différence entre le sélectionneur et l'entraîneur qui détermine l'étendue de la marge de manoeuvre de l'un et de l'autre dans le choix tactique.

Le premier a, par principe, tout le loisir de composer une équipe comme on compose une salade en plein été. Il lui suffit de regarder ce qu'il y a dans le frigo en croisant les doigts pour qu'il ne soit pas vide. Il jouit d'une liberté presque totale dans le choix du moule tactique et des joueurs appelés à y entrer. Les mains de l'entraîneur qui prend les rênes d'un club sont bien plus liées. Il subit des contraintes d'ordre financier et humain incomparables, qui le conduisent d'abord choisir sa formation en fonction des joueurs dont ils disposent. Sauf à diriger une équipe anglaise,  devenue le jouet d'un émir.

Raymond, libre malgré lui

Que fait Raymond de sa liberté ? Il a choisi pour la France un schéma immuable, quels que soient les hommes : le 4-2-3-1. A la façon d'être des Bleus sur la pelouse, qui manquent tant de style que d'envie, il y a lieu de se demander néanmoins si le mal n'est pas, même en partie, lié au culte du 4-2-3-1.

Ca y est, la question est posée : le 4-2-3-1 est-il fait pour nos Bleus ? Si les joueurs convoqués le sont au regard de la formule, pourquoi pas ? Sinon...

- To be continued... -

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Commentaires
G
Que penserais-tu de la formation choisie par Mémé Jacquet en 98 ? Est-ce qu'elle conviendrait aux nouveaux bleus ?
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