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Objectif sport
27 septembre 2009

A l'Ouest, rien de nouveau ?

Est-ce seulement curieux ? Est-ce seulement amusant, étonnant ? En championnat, Paris vient d'obtenir deux résultats consécutifs parfaitement identiques. 1-1 contre Lyon, 1-1 contre Lorient. Chaque fois en jouant un bon football, en créant du jeu et en se procurant jusqu'à quatre ou cinq occasions nettes de but. Mais alors, qu'est-ce qui cloche ? Car, vous me direz ce que vous voudrez, mais Lyon n'est pas Lorient : l'équipe à Jean-Mi a dépensé près 70 millions d'euros sur le marché des transferts, ne compte que des internationaux dans ses rangs - passé, présent, futur -, figure à nouveau comme l'un des candidats naturels au titre national et se permet le luxe de nourrir des ambitions depuis dix ans dans la reine des compétitions de clubs. De quoi faire pâlir même Marseille, même Paris... Alors, non, soyons sérieux : Lyon, ça n'est pas Lorient !

Et si, précisément, les Merlus du Morbihan n'avaient rien à envier "footballistiquement" (un mot qu'on imaginerait presque tombant haché menu de la bouche de Didier Deschamps) au septuple champion de France ? J'ai regardé le match d'hier soir, et il y avait bien autre chose que la fatigue des joueurs de la capitale pour expliquer ce second résultat nul. Ce qui crevait l'écran étaient l'équilibre parfait qu'a réussi à trouver Lorient ainsi que l'âme qui anime l'équipe.

Derrière, Audard dirige la défense d'un gant de maître et n'est jamais à l'abri de très grandes sorties, comme dans les pieds des attaquants parisiens. Marchal et Morel sont d'honnêtes soldats, évidemment en difficulté face à des joueurs de niveau international mais qui compensent intelligemment par leur placement et leur solidarité. Au milieu, l'arrivée de Ducasse soulage et la technicité au-dessus de la moyenne d'Arnold "Willyless" Mvuemba, passé par le centre de formation de Rennes, se fond bien dans le paysage orange et noir. Le nouveau venu Diarra apporte une touche de vitesse et de vicacité intéressante. Et puis, devant... Devant, c'est une sorte de Barça modèle réduit. En moyens et, forcément, en talents - et non en taille... difficile de passer sous la barre du mètre soixante-cinq imposé par les lutins catalans. Vahirua, dont on ne connaissait au bas mot que la pirogue, a véritablement pris du poids, de l'expérience et une responsabilité utile. Son double rôle de meneur de jeu et d'attaquant de soutien lui est taillé sur mesure. D'une certaine manière, il renoue avec les numéros 10 du passé tout en modernisant le style. Une finesse de jeu qui se met au service de gestes bien sentis, comme un ballon caressé du pointu pour une déviation dans la course. Et évoquer le Tahitien implique d'évoquer le duo qu'il forme avec Kevin Gameiro. Lui, il est le buteur. Mais il est aussi un concentré d'énergie, de combativité et de vitesse. Cela fait trop longtemps que j'en dis tout le bien... Finalement, le collectif breton rivalise avec les individualités lyonnaises, preuve que le football est souvent autre chose qu'une simple addition de chaussures dorées.

L'équilibre des Merlus... Dans le jeu comme en dehors. On les prenait jusque-là pour des rigolos - il faut bien dire. A son retour en Ligue 1, en 2006, le club attirait au mieux la sympathie que l'on réserve habituellement au petit Poucet de la coupe de France, au pire déclenchait des réactions d'agacement de ces faux amoureux de la Ligue 1, irrités par une promesse d'ennui et l'absence d'excitation à allumer son plasma pour un Lorient-Metz. Puis, de promis à la redescente, le Lorient FC est passé à autre chose, a changé de stature - à peine, car en toutes choses il faut conserver de la mesure... Son "maintien historique" dans l'élite - ce n'est pas moi qui le dis, c'est le discours officiel (http://www.fclweb.fr/club/historique/depuis-1926.php) - lui a valu d'être, non pas pris plus au sérieux, mais considéré comme... comme une petite sucrerie. Le championnat de France se réjouissait, finalement, de cette petite touche d'exotisme et de ce drôle de petit surnom - bien mignons, les Merlus !

Depuis, Lorient n'est plus une anomalie, une erreur. Le club est accepté comme un acteur à part entière. Sa place dans les vingt n'est pas assurée, certes, mais tirons notre chapeau aux dirigeants et investisseurs qui ont (re)construit un club à fière allure. Et choisir de donner la baguette à Monsieur Gourcuff, père, est encore l'une de leurs meilleures décisions. Avec cette question que l'on soulève régulièrement, juste avant l'été, et dont on espère ne pas connaître trop tôt la réponse : que se passerait-il si cet amateur du beau jeu et formateur hors pair, qui a une belle idée du football, passait aux commandes d'un "grand" club ?

Une chose est certaine : le travail est fait, bien jolimment et sans prétention. Au point de hisser Lorient au rang de ses modèles de gestion et de formation et de donner l'envie de prendre un abonnement pour grossir les bancs des poissons du Moustoir, ce stade qui s'agrandit. Comme un symbole.

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Commentaires
R
oui, j'ose : Lorient, espace de recyclage bio de joueurs perdus (Mvuemba avait la mégacôte jeune, mais s'est perdu en Angleterre), et de préservation du jeu collectif à une époque à la mode nantaise.
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