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Objectif sport
10 septembre 2009

Entre la pierre à Rosetti et la jambe de Zubar, le coeur balance

De la rencontre d'hier soir, que retiendrons-nous exactement ?

Le combat mené par les onze... pardon, les dix Bleus sur la pelouse balkane ? L'expulsion de Lloris est une aberration avant d'être un coup du sort, voire une invraisemblable opportunité, pour Raymond, d'accuser non plus la pelouse ou la taille des adversaires, mais la malhonêteté de Monsieur l'arbitre - comme au dernier Euro, contre l'Italie, quand Ribéry se blesse avant d'avoir transpiré et qu'Abidal voit rouge. Mauvaise langue ? Peut-être. Il faut dire qu'il y aurait matière à crier au complot. Avant le premier coup de sifflet, on ironisait volontiers sur la nationalité du ref' : Italien, pensez donc... Il y a quelque chose entre la France et l'Italie qui sent la poudre, une rivalité vénéneuse qui va en s'amplifiant depuis le Mondial hexagonal et qui dépasse allègrement la simple personne de Domenech, dont on sait la relation spéciale et historique qu'il entretient avec la Botte... Il en fallait à peine davantage pour prédire le sale quart d'heure que la France allait passer.

Et bingo ! 10 minutes et Roberto Rosetti, féru de littérature et amateur de tennis (de source wikipédienne, car l'homme en noir a les honneurs de l'encyclopédisation virtuelle), sort son couteau qu'il plante avec un sourire dissimulé dans le dos de ceux qui, pour l'éternité et pour les âmes transalpines, restent des voleurs de trophée. Un pénalty ! Une exclusion ! Quoi d'autre ? Roberto allait-il autoriser le très fin gaucher Milijas à marquer dans le but vide au motif que Steve Mandanda tardait à attacher ses gants sur la touche ? L'idée lui a certainement chatouillé l'esprit, mais ça aurait été too much ! Alors, l'honnête homme a attendu, qua meme...

Ou l'ombre de Ronald Zubar qui a plané, sans être invitée, sur la pelouse du Marakana de Belgrade et a hanté les chaussures de Gallas et d'Abidal, jusqu'à leurs mollets ? Il faut dire que la demi-action qui amène le pénalty des Serbes n'aurait normalement jamais dû s'achever dans la surface de réparation. Mais, visiblement, la charnière noire de l'équipe de France en a décidé autrement, préférant au bon vieux dégagement dont les footballeurs des ligues départementales connaissent et apprécient l'efficacité, une "Zubar" un peu pâlotte mais, il faut l'avouer, merveilleusement conclue. Pour la petite histoire, Ronald, parti exporter son talent de défenseur central à Wolverhampton, est le génial créateur d'un geste à ce point technique qu'il n'est pas à la portée de toutes les jambes. Imaginez qu'il rejoint, en cela, au Panthéon du ballon rond, les grands Panenka, Madjer, Jordao et autres Higuita.

Mais, décortiquons-le - essayons du moins, tant l'oeil peut mal s'accommoder à la rapidité d'exécution du geste : d'abord, fixer des yeux le ballon aérien qui arrive sur vous, puis lever le pied, le genou et le reste afin de bien passer au travers. Cela paraît très simple, mais il ne faut surtout pas toucher l'objet qui tombe des cieux, sinon il risque de ne plus finir sous les crampons de votre adversaire qui doit pouvoir se faire une joie d'inscrire le but décisif au grand dam de vos partenaires - et ça, c'est primordial. Le secret d'une "Zubar" bien réussie est de tenter ce geste en mouvement, de gesticuler à la façon d'un équilibriste retraité. En reculant, de surcroît. Là est la clé de la certification, là est l'identité et le style. D'aucuns diront que le défenseur, ancien olympien, s'est inspiré de "Duga" qui, un soir de juin 1998, face à l'Arabie saoudite, a donné quelques idées, improvisant en jetant la jambe devant lui. Mais c'était alors en avançant, et il s'était déchiré un muscle de sa cuisse, la faute, sans doute, à une mauvaise préparation. Zubar, lui, a soigné sa condition physique et, tel Picasso derrière Braque, sublime le geste de son sympathique prédécesseur.

Sans doute qu'il faudra moins de deux jours avant qu'une presse dépressive, qui louait ce matin l'esprit de guerrier de nos Bleus, insiste sur ses points noirs, les choses bancales, parle de malheur et prédit la défaite ou en fait seulement son beurre. Des pages qui ne donnent pas envie de lire. On connaît L'Equipe par coeur ; le retour à la morosité est programmé. Brasser les énergies négatives, accabler est son commerce. Le tout est de savoir combien de temps cela va prendre.

En dépit du match nul, l'équipe - la vraie, affublée d'un petit e - m'a rendu fier. Avec ses défauts, et malgré son sélectionneur.

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