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Objectif sport
19 mars 2009

Aparté sur le mérite

L'une des questions qui se posera le plus, spécialement aujourd'hui où le sélectionneur devrait livrer sa liste des joueurs retenus pour batailler contre la Lituanie, sera celle de savoir si Guillaume Hoarau ou André-Pierre Gignac méritent d'être appelés. Une autre, qui a déjà commencé à agiter les méninges, est de savoir laquelle des quatre ou cinq équipes du haut de tableau mérite le plus de remporter le championnat de France.

... Le mérite... L'idée résonne encore que Paris mériterait plus qu'une autre d'ôter à Lyon sa couronne. Bof. Tout dépend de ce que l'on met dedans, dans ce prétendu mérite.

Deux ou trois années de galère et une solidité retrouvée, un bilan de victoires exceptionnellement positif ? Soit ! Mais l'OM, son éternel rival - enfin, "éternel" pour faire joli, la rivalité entre les deux clubs n'étant pas exactement aussi vieille que celle entre les deux cités -, a pris l'habitude de terminer dans le trio de tête ces dernières saisons et le club de Pape est tout aussi légitime à poser les crampons sur la plus haute marche. Son jeu est assez peu sexy, mais si l'on se résoud à enterrer la légende écrite par les Papin, Waddle, Sauzée, Mozer et autres Amoros, une telle régularité interpelle.

Et Bordeaux ? Le titre de champion en guise de récompense pour un entraîneur dont tout le monde pense beaucoup de bien. Un titre qui démontrerait la valeur de Yoann Gourcuff, chef d'orchestre capable de porter une équipe homogène et solidaire et d'où aucune tête, sauf la sienne, ne dépasse réellement ? Et puis, le titre pour une région de football, pour donner prise un peu à la théorie des cycles. Et puis enfin pour son vin et ses plats - celui qui me dit qu'il n'y a pas de mérite n'a jamais goûté la cuisine du sud-ouest...

On en oublierait presque les Lyonnais. Comme si parler de mérite leur était en somme étranger, ou serait le dernier moyen inventé de mettre fin à leur règne.

C'est peut-être pour Hoarau que "mérite" signifie le plus de choses. Quoi qu'au-delà de ce mot, il y a le travail et, surtout, le besoin, l'alternative. Les Bleus manquent de variations : bien malin celui qui soutiendra qu'Anelka ne vaut pas Benzema dans le style de jeu, ce malgré leurs qualités propres. Et entre l'extinction de Bafé Gomis et l'arrivée certaine, mais différée, de Jimmy Briand, il reste une place de numéro 9 à prendre. Un poste longtemps occupé par David Trézéguet, maintenant en disgrâce aux yeux de Ray'. Comprenne qui pourra, mais les chances de sélection de Guillaume Hoarau paraissent étroitement liées au sort du Turinois, auquel il fait incroyablement penser avec, sans doute, une once de finesse supplémentaire dans le jeu : toute la question est de savoir si le sélectionneur est en froid avec l'homme ou avec le profil de l'homme. Dans l'un des cas, les portes bleues sont ouvertes ; dans l'autre...

En ce qui concerne les Bleus et Gignac, je ne sais pas trop... Il me reste sur la langue le goût étrange de l'imposture. Entendons-nous : après s'être fait la spécialiste des soirées coquines et des saucisses - sans qu'il y ait un lien nécessaire entre les unes et les autres -, la ville du rugby a pris l'habitude de jouer au yoyo : on oublie un peu vite que le "Téfécé", qui a certes terminé troisième il y a deux ans, s'est longtemps battu pour ne pas descendre en Ligue 2 l'année dernière. Cette saison, un remède a été trouvé : faire bloc, avec des monstres physiques et un Sissoko qui toquera dans deux ans à la porte de l'équipe de France. Rester discipliner, ce qui suffit souvent à faire la différence au grand dam des amoureux des scores de babyfoot. Toulouse étouffe une concurrence qui ne s'est peut-être pas méfiée de l'étincelle qu'on avait pris pour une étoile. Gignac est la seule pointe d'une boule qui écrase tout. C'est par la force des choses que tous les ballons qui aterrissent devant passent par ses pieds avant d'aller dormir dans les filets. Si l'attaquant est efficace, encore faut-il vérifier le compteur de buts de l'équipe (33 buts) avant de s'extasier sur le sien (17 buts). Attendre de voir aussi quelle serait son attitude dans une équipe offensive, qui offre davantage de solutions devant. Il est possible que je me trompe, mais mon petit doigt me dit qu'André-Pierre Gignac redeviendrait un joueur bien ordinaire...

Gignac me fait un peu penser à Stéphane Guivarc'h. Lui qui a été deux fois meilleur buteur du championnat a aussi été champion du monde 1998... sans marquer une seule fois et en demeurant tristement transparent. Certes, les talents à ce poste se comptaient sur le doigt d'une seule main - l'auriculaire - et le choix du protégé de Guy Roux s'imposait. Mais une chose est de briller à Auxerre, dans un schéma tactique en entonnoir où les ailiers débordent juste pour vous servir, une autre est de briller en tunique bleue, où les solutions sont diverses et, aussi, à tort ou à raison, plus centrales.

Je dis Guivarc'h pour ne pas dire Gnako... Toute blague à part...

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